Table des matières :
Qu’est-ce qu’une personne à haut potentiel intellectuel ?
Une personne à haut potentiel intellectuel (HPI) est une personne qui fonctionne différemment dans sa façon de penser, de ressentir et de réfléchir. Catherine Zobouyan, neuropsychologue, avance que ces personne possède une « sensibilité intense ». Cela se ressent notamment dans « leur façon d’analyser et de percevoir les choses ».
Même si ce n’est pas systématique, ces personnes peuvent être hypersensibles (augmentation de la sensibilité des émotions) voire hyperesthésiques (augmentation de la sensibilité de la vue, du toucher, de l’audition et de l’odorat). En général, les personnes HPI ressentent intensément leurs propres émotions et celles des autres. Elles ont une rapidité d’analyse et d’apprentissage, un cerveau qui est plus rapide et efficace, qui devient plus vite mature et des capacités intellectuelles qui se distinguent de la norme, selon Marie-Noëlle Dejean, psychologue.
Il est aussi possible que ces personnes aient des réactions décalées ou une vision différente de certaines situations. Dans ce cas-là, les HPI peuvent exprimer leurs émotions (joie, colère, tristesse, peur) de manière intense. Même si elles s’adaptent facilement à un nouvel environnement, elles peuvent avoir des difficultés à se faire comprendre ou à trouver leur place.
Combien de personnes sont concernées ?
En France, les HPI représentent 2,5 % de la population, soit légèrement plus qu’1,5 million de personnes, selon Nathalie Boisselier. Elle considère que cela représente moins d’un enfant par classe. Il est aussi déconseillé de faire des tests sur les enfants trop jeune, même si cela est possible à partir de deux ans et demi. Pour faire la comparaison, 50 % de la population possède un quotient intellectuel entre 90 et 110.
Victimes de préjugés
Il existe de nombreux signes pour définir les personnes à haut potentiel intellectuel (HPI). Avant de les voir, il est important de rappeler quels sont les préjugés qui collent à la peau de ces personnes.
Les personnes à haut potentiel intellectuel sont victimes d’idées reçues.
Au lieu de dire qu’elles ont une pathologie ou qu’elles sont surdouées ou précoces, il vaut mieux dire que leur fonctionnement est différent des autres. Cathy Assenheim, ajoute qu’elles disposent « d’un fonctionnement intellectuel particulier, avec des forces mais également des faiblesses. » Elles se démarquent dans des activités ou des métiers et surinvestissent des domaines précis, sans être des génies. Les HPI sont très curieux et c’est ce qui leur donne envie de faire des découvertes même s’ils se lassent rapidement.
Quels sont les signes ?
1. Un QI supérieur à la moyenne
Nous avons vu que l’on ne peut pas définir les personnes à haut potentiel intellectuel uniquement avec leur QI. Malgré cela, il est important de prendre cette donnée en compte. Les personnes HPI ont généralement un quotient intellectuel égal ou supérieur à 130. Pour rappel, le QI moyen se situe entre 90 et 110. Selon Nathalie Boisselier, psychologue et psychothérapeute, le QI « évalue l’aptitude globale et variable entre les individus à traiter des idées complexes dans la vie de tous les jours, à s’adapter facilement à un nouvel environnement, à apprendre, à s’engager dans des raisonnements variés et à surmonter les obstacles ».
2. Être hypersensible émotionnellement et sensoriellement
Les personnes HPI ont souvent une hypersensibilité émotionnelle et sensorielle. Il est important de rappeler ce que cela signifie. Être hypersensible, c’est avoir une réalité émotionnelle plus riche et plus intense que celle de la plupart des gens. Au niveau émotionnelle, les HPI sont plus facilement touchés par les événements qui arrivent dans leur vie, car ils réagissent davantage aux stimuli quotidiens, par rapport à d’autres personnes. Les émotions des personnes à haut potentiel intellectuel sont puissantes et vives.
Mais ces personnes sont aussi hypersensibles sensoriellement. Elles peuvent être envahies par l’intensité de la luminosité, des sons ou encore des odeurs, ce qui sont des stimulations perceptives. Les HPI ont donc des difficultés à gérer leurs émotions et réagissent aux sens, et doivent donc s’adapter en permanence à leur environnement.
3. Une empathie très développée
Ce qui va de paire avec l’hypersensibilité, c’est l’empathie. Les personnes HPI font souvent preuve d’une grande empathie, grâce à leur sensibilité qui se manifeste dans les relations qu’elles entretiennent avec les autres.
Il existe plusieurs types d’empathie :
- L’empathie cognitive : les HPI arrivent, grâce à leurs compétences d’analyse, à savoir ce qui ne va pas chez les autres.
- L’empathie émotionnelle : celle qui est la plus importante chez les hauts potentiels intellectuels. Ils sont très réceptifs aux influences et à l’ambiance de l’environnement. Les émotions et sentiments d’autrui vont plus facilement traverser les HPI.
- L’empathie comportementale : Un HPI, grâce à sa capacité d’adaptation, va se positionner de manière juste dans une relation par rapport à son ressenti.
4. Une façon de pensée intuitive
Les personnes HPI raisonnent le plus souvent de façon logique. Ce qui est fortement liée à l’intuition, ou pensée intuitive. Les personnes hypersensibles possèdent généralement cette façon de pensée, comme c’est le cas des HPI.
En effet, ces personnes sont davantage réceptives à toutes les émotions, et peuvent capter plus facilement, un grand nombre d’informations qui se trouvent dans leur environnement. Avec ces informations, elles vont faire des liens très rapides, même s’ils peuvent être inconscients, quand ils vont se retrouver dans une situation donnée. Ce qui est important c’est que cette manière de voir les choses apporte une autre façon de comprendre le réel, qui est plus influencée par la sensibilité et est plus spontanée.
5. Un fort manque d’estime de soi
Les personnes HPI souffrent généralement d’un grand manque d’estime d’elles-mêmes. Elles ont l’impression d’être différentes et incomprises, mais ce sentiment remonte souvent à l’enfance et est fortement lié au système scolaire.
En effet, dès le plus jeune âge, le fonctionnement des HPI va être en décalage avec les attentes de leur environnement. Les parents, par méconnaissance, ne vont pas avoir le bon comportement avec leur enfant. Ils ne vont pas les mettre dans des structures éducatives adaptés à leur perception du monde. Les HPI vont donc souvent être en échec scolaire car leur cerveau fonctionnent différemment des autres. A cela, on ajoute que les HPI sont très souvent perfectionnistes et ont un haut niveau d’exigence d’eux-mêmes. On obtient donc des personnes qui vont se sous-estimer.
6. Un mode de pensée en arborescence
Qu’est-ce qu’un mode de pensée en arborescence ? Pour faire simple, c’est l’opposé de la pensée linéaire. C’est une façon de penser, qui intègre et organise l’activité du cerveau, souvent complexe, des personnes HPI.
Les personnes qu’on appelle souvent « surdoué » ont de nombreuses connexions neuronales, souvent qualitatives, qui forment comme une carte mentale, toujours en évolution. Cette carte mentale coordonne et met en lien différents aspects du réel, ce qui va comme créer une cohérence globale. Dans le cerveau des hauts potentiels intellectuels, les connexions neuronales vont prendre en compte, en même temps, toutes les différentes idées qui passent et les développer grâce à des associations ou analogies.
Ces personnes ont de nombreuses difficultés à se positionner dans la société et dans la sphère relationnelle. Leur potentiel : ils ont un esprit créatif et apporte souvent de nouvelles idées originales, que ce soit au travail ou dans la vie personnelle.
7. Un fonctionnement neuro-atypique
Les HPI ont un fonctionnement neuro-atypique. Les traits de personnalité sont spécifiques et sont associés à un mode de fonctionnement atypique. Ils peuvent vivre les normes sociales ou comportementales comme des agressions, si elles « demandent » aux HPI de se conformer et ainsi trahir leur vraie nature. Ces personnes doivent construire leur identité, sans avoir un sentiment d’appartenance à un groupe. Elles vont donc être en décalage avec les autres.
8. Une indépendance d’esprit
Les HPI sont très indépendant mentalement. Cela passe par leur façon de penser mais aussi de réfléchir. En effet, ils bénéficient d’une grande liberté intellectuelle. Ils doivent donc former leur propre représentation de ce qu’est la réalité, car ne vont pas adhérer aux idées majoritaires de la société. Leur façon de raisonner va donc être soutenue par leurs valeurs, tout en restant logique.
Les personnes à haut potentiel intellectuel sont des libres penseurs. Pour elles, la liberté de conscience est très importante et elles doivent être complètement en phase avec leurs valeurs morales et leurs idées. Tout cela constitue le socle de leur indépendance intellectuelle. Les HPI ont également un haut niveau d’exigence, surtout envers eux-mêmes. Ils vont donc assumer pleinement leurs postures individuelles. Ils ont une responsabilité morale, et ne vont jamais se conformer intellectuellement.
9. Une hyperactivité cognitive
Les hauts potentiels intellectuels sont des personnes souvent hyperactives. On dit qu’elles sont définis par l’hyperactivité cognitive. Mais qu’est-ce que c’est ? C’est la difficulté à maîtriser et à moduler leur pensée.
Le cerveau des HPI fonctionne souvent en sur-régime. Cela va les conduire à un épuisement mental dû à la fatigue cognitive, et à des insomnies liées à une hyperactivité cérébrale. Cette hyperactivité peut également être une source d’anxiété importante.
10. Une très bonne mémoire
Les HPI possèdent une très bonne mémoire. Et, c’est grâce à leur grande capacité à traiter les informations qu’ils reçoivent, qu’ils arrivent à améliorer leurs fonctions mémorielles.
Deux types de mémoires sont développées : celle à court terme ou de travail et celle à long terme. Premièrement, ils peuvent stocker un plus grand nombre d’information que le reste de la population et possèdent un maintien plus durable de l’accès aux informations, ce qui favorisent leur mémoire de travail. Ensuite, ils font pouvoir s’appuyer, avec plus de facilité, sur leurs apprentissages et pourront ainsi ajuster leurs analyses, ce qui permet de développer la mémoire à long terme.
11. Une résilience à toute épreuve
Cette caractéristique se base sur l’hypothèse que les personnes à haut potentiel intellectuel se servent de leurs mauvaises expériences passées, pour se relever de toutes mauvaises situations. Grâce à leur capacité d’analyse développée, elles vont se rappeler rapidement de ce qu’il faut faire quand on affronte des situations compliquées. Elles ont développé une résilience à toute épreuve. Les HPI peuvent également maîtriser, avec davantage de facilité, les conséquences émotionnelles de ces épreuves. Grâce à cette gestion intellectuelle des effets qu’ont les expériences négatives, ils vont se défendre contre le sentiment d’impuissance et de vulnérabilité.
12. Adopter une posture défensive
Les personnes à haut potentiel intellectuel vont adopter une posture défensive, qu’on peut nommer « faux self ». Le but est d’évoluer socialement et d’éviter de se retrouver confronté à de l’incompréhension ou à du rejet.
Ces personnes vont alors se conformer à ce qu’elles perçoivent des attentes d’autrui, afin d’être bien perçues et acceptées. Elles vont donc s’adapter en fonction des personnes avec qui elles se trouvent, jusqu’à ce qu’elles s’oublient elles mêmes et perdent leur vraie identité. Les HPI peuvent faire cela car ils ont développé un sentiment d’illégitimité, à force d’être en décalage avec les autres.
Le diagnostic
Une première consultation déterminante
Si l’on veut savoir si l’on est une personne à haut potentiel intellectuel, il faut se rendre chez un ou une psychologue. Lors de la première séance, le professionnel va déterminer s’il est nécessaire et pertinent de passer un bilan psychologique. Pour cela, il va écouter le patient parler de ses difficultés, de ses questionnements et de son état émotionnel. C’est uniquement le psychologue qui peut déterminer si la personne est apte à passer ce diagnostic.
Le test de QI
Les test de QI sont réalisés avec les échelles d’intelligence de Weschler, différentes pour les enfants ou les adultes. Le QI des enfants de 2 ans et demi à 6 ans est évalué avec la WPPSI-IV, si les psychologues acceptent de poser un diagnostic aussi tôt. De 6 à 16 ans, les psychologues évaluent le quotient intellectuel grâce à la WISC-V (Wechsler Intelligence Scale for Children), alors que pour les adultes (après 16 ans), ils le mesurent avec la WAIS-IV (Wechsler Adult Intelligence Scale).
Ces échelles mesurent une partie du fonctionnement cognitif, grâce à des épreuves, pour la plupart orales et chronométrées. Ces épreuves peuvent porter sur la mémoire, le vocabulaire, la logique, l’esprit pratique, la réutilisation de connaissances acquises… Pour chaque épreuve, le patient obtient une note. Avec chaque note, on arrive à 4 indices : l’indice de compréhension verbale, l’indice de mémoire de travail, celui de vitesse de traitement, et enfin celui de raisonnement perceptif. Avec l’évaluation de ces 4 indices, le patient obtient une note globale, qui correspond au QI.
Le test de la sphère émotionnelle
Pour évaluer la sphère émotionnelle du patient, le psychologue va faire passer des épreuves sur la personnalité. Le but est donc d’observer comment le patient va se situer par rapport à ses émotions. Le psychologue va pouvoir interpréter les chiffres du test de QI, grâce aux données de l’évaluation de la sphère émotionnelle. Le deuxième objectif est d’analyser la créativité et les capacités d’imagination et émotionnelles du patient. Le psychologue va pouvoir comprendre si la personne est hypersensible et si elle fait preuve d’empathie.
Avec tous ces facteurs rassemblés, il est possible de diagnostiquer une personne comme haut potentiel intellectuel.